La quête quotidienne de l'eau : la résilience des femmes rurales à Djibouti
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Dans les paysages arides de Djibouti, l'accès à l'eau est plus qu'une simple nécessité, c'est une bouée de sauvetage, que le changement climatique est en train d'éroder rapidement. Cette crise a des conséquences considérables sur la santé, l'éducation, les opportunités économiques et l'équité sociale, en particulier pour les femmes rurales qui sont les plus touchées par ces défis. En réponse, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en partenariat avec le ministère de l'environnement de Djibouti, a lancé le Programme d'écologisation de Djibouti – résilience climatique et moyens de subsistance, axé sur la gestion durable de l'eau et l'accès à l'énergie pour renforcer la résilience climatique.
Cette histoire rend hommage au courage des femmes rurales que nous avons rencontrées lors des consultations communautaires – des femmes qui luttent quotidiennement pour obtenir la ressource la plus élémentaire : l'eau, pour assurer la survie de leurs familles.
Pénurie d'eau dans les zones rurales de Djibouti
Dans la corne de l'afrique, les communautés rurales, qui représentent 30 % de la population de Djibouti, sont confrontées à plusieurs défis, mais l'eau reste la clé. L'augmentation de la population augmente la demande en eau, mettant en péril non seulement les moyens de subsistance individuels, mais aussi la cohésion de communautés entières. Ce défi pèse lourdement sur les femmes rurales, qui sont les premières responsables de la collecte de l'eau. À mesure que le changement climatique entraîne des précipitations irrégulières et une hausse des températures, leur fardeau s'alourdit.
Les missions sur le terrain dans toutes les régions du pays ont révélé les vulnérabilités des systèmes d'approvisionnement en eau. Les communautés dépendent de forages profonds, de puits peu profonds et d'eau de surface. Mais à mesure que les niveaux d'eau baissent et que la salinité augmente, la dépendance à l'égard de ces sources devient précaire. Lorsque les forages échouent, les femmes doivent souvent parcourir de longues distances pour aller chercher de l'eau.
L'impact du changement climatique sur la vie des femmes rurales à Djibouti
Les réalités de la pénurie d'eau sont mieux saisies à travers les voix des femmes rurales. Halima S., une mère de six enfants d'une petite localité de Dikhil, dit sans ambages : « L'eau est un gros problème pour nous, les femmes. Sans eau, la vie est difficile. L'eau qu'ils parviennent à collecter provient souvent de sources contaminées, ce qui entraîne de fréquentes maladies. Madina A., originaire d'un village isolé de Dikhil, raconte : « Nous buvons parfois [l'eau du village] quand nous n'avons pas le choix, mais nous avons l'estomac et nous sommes confrontés à des risques de maladies et de douleurs à l'estomac, surtout les enfants. »
Pour beaucoup, la lutte pour l'eau dicte le rythme de toute leur journée, une lutte épuisante qui reflète les dures réalités de leur environnement. Un membre de la communauté de la région de Gobaad décrit cette routine exténuante : « Nous sommes en période de sécheresse et nous subissons des pénuries d'eau extrêmes. Le réservoir que nous avons ici s'est tari, donc tous les deux jours, les femmes vont chercher de l'eau le matin avec l'âne pour le bétail, puis les hommes prennent leur tour, allant plus loin avec le chameau pour aller chercher de l'eau. Ramener de l'eau potable au village leur prend toute la journée.
Au fil des ans, l'intensification des sécheresses n'a fait qu'intensifier cette lutte, décimant les pertes de bétail et privant les familles de ressources nutritionnelles vitales, telles que le lait.
Les femmes rurales, comme Madina A., partagent l'immense tribut physique et émotionnel de ces tâches quotidiennes : « Les femmes âgées sont envoyées à As Eyla parce qu'il est difficile de vivre sans eau ici. Ils partent tôt le matin et reviennent à midi, en ramenant au moins 2 ou 4 récipients de 50 litres d'eau. Ensuite, ils s'occupent du bétail et de la maison, ce qui est une tâche épuisante. Les points d'eau étant souvent éloignés et mal entretenus, près de 32 % des infrastructures d'eau (32 sur 99 recensées dans 23 localités visitées dans 5 régions) des sites visités lors des consultations ont été abandonnées, laissant les communautés avec moins de ressources.
Le manque d'eau accessible a également de profondes répercussions sur l'éducation, en particulier pour les filles, et sur la stabilité économique. Hasna A., veuve et mère de neuf enfants, raconte les péripéties que les femmes font pour aller chercher de l'eau : « C'est dangereux de se déplacer la nuit, mais nous n'avons pas le choix. Si nous voulons de l'eau, nous y restons deux jours, et le troisième jour, nous nous rassemblons, craignant les animaux sauvages comme les hyènes. Les hommes ne sont pas à la maison ; La plupart d'entre eux sont plus éloignés avec le bétail.
Vers des solutions : la résilience grâce à l'amélioration des infrastructures
Pour relever ces défis, le programme Greening Djibouti se concentre sur la mise à niveau des infrastructures d'eau pour les populations agropastorales – forages, puits et citernes – afin d'assurer aux communautés un accès fiable à l'eau. Il s'agit notamment d'alléger le fardeau des femmes et de leur permettre d'investir leur temps dans l'éducation et les activités économiques.
De plus, l'amélioration de la gestion et de l'efficacité de l'eau renforcera les moyens de subsistance ruraux en introduisant des pratiques agricoles résilientes au climat, donnant aux femmes les outils nécessaires pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Amina A., mère de huit enfants, illustre le défi relevé par le programme : « On nous a donné des parcelles pour l'agriculture, mais sans eau, elles restent improductives. »
Le lien entre la disponibilité de l'eau, le changement climatique et les moyens de subsistance des femmes à Djibouti est urgent et complexe. En l'absence d'interventions audacieuses et durables, la pénurie d'eau continuera de miner la santé, l'éducation et les opportunités économiques des femmes rurales. Pour relever ces défis, il faut un effort coordonné, axé sur l'amélioration des infrastructures d'eau, l'amélioration des stratégies de gestion et la priorisation des besoins des femmes et de leurs familles.
Face à des défis écrasants, la résilience des femmes rurales de Djibouti témoigne de leur force et de leur résilience. Leurs voix nous rappellent que l'accès à l'eau n'est pas seulement un besoin fondamental, mais un droit fondamental que nous devons garantir pour un avenir durable et équitable.