Recevoir un kit de dignité : une source de réconfort pour Ahmed Nour après des événements éprouvants le long de la Route de l'Est
Ahmed Nour, 27 ans, esquisse un sourire pour la photo malgré les souvenirs difficiles qu’il vient de partager.
"Nous étions un groupe de dix-huit jeunes hommes lorsque nous avons quitté l'Éthiopie, avec le même souhait de trouver du travail dans la péninsule Arabique pour subvenir aux besoins de nos familles. À la fin du voyage, nous n’étions plus que trois."
"Lorsque nous sommes arrivés au Yémen, nous avons découvert que nous étions entrés dans un pays en guerre. Je n’en avais aucune idée avant d’arriver. Quatorze d'entre nous sont morts à cause du conflit, ce qui nous a incité à retourner à Djibouti, par peur de subir le même sort. J'ai vu des amis mourir juste devant moi. Sur le chemin du retour, nous pouvions passer trois, quatre jours sans rien manger. Un de mes amis qui avait survécu à la guerre a finalement succombé à la soif."
Quelques instants avant de raconter son histoire, Ahmed Nour faisait la queue avec d'autres migrants devant le sous-bureau de l'OIM à Tadjourah, au bord du Golf d’Aden. Plus tôt dans la journée, le jeune homme avait appris par l'intermédiaire des agents de sensibilisation de l'OIM qu'il y avait une distribution de kits de dignité – des kits contenant des articles essentiels pour les migrants en transit ou bloqués – dans la « Ville Blanche », l'une des plus anciennes villes de Djibouti.
Reflétant la dernière répartition des chiffres de la Route de l'Est (70% d'hommes, 24% de femmes et 6% d'enfants en février 2024), une majorité d'hommes mais aussi des femmes et des enfants se sont présentés ce jour-là. Par groupes de dix, ils ont été invités à récupérer un sac en lin contenant une variété d'articles, du savon et shampoing aux sous-vêtements et chaussures. Ces kits de dignité sont composés d'articles non alimentaires (ANA) adaptés à différents profils, avec des articles sur mesure pour sept catégories, selon le sexe et l'âge de chacun (hommes, femmes, garçons, filles, petits garçons, petites filles et bébés). Par exemple, les kits destinés aux femmes et aux filles comprennent des articles d'hygiène menstruelle. Cette assistance directe vise à répondre aux besoins immédiats des migrants vulnérables et à préserver leur sentiment de dignité.
Ahmed Nour a attendu patiemment son tour, tenant entre ses doigts le ticket remis par un membre du personnel de l'OIM, pendant que les enfants puis les femmes recevaient leurs kits. Lorsqu'il est arrivé au bureau d'enregistrement, il a fourni son nom et son âge, signant la liste avant de recevoir son sac. Il a ensuite rejoint le reste du groupe pour vérifier que les articles contenus dans leurs sacs correspondaient au contenu du kit dignité, comme indiqué sur une affiche. Veiller à ce que les informations fournies soient à la fois efficaces et culturellement appropriées est l'un des engagements pris par l'OIM à Djibouti pour renforcer l'intégration de la responsabilité envers les communautés affectées dans ses opérations. Des initiatives telles que la production d'affiches ou d'autres outils de communication visent à accroître l'accès de la population affectée aux informations pertinentes sur les processus de distribution et à promouvoir la transparence.
"Tout est utile, mais l'article dont j'avais le plus besoin était une chemise." La fourniture de vêtements et d'articles d'hygiène peut avoir une profonde influence sur la perception qu'ont les gens d'eux-mêmes et sur celle que la communauté environnante a d'eux. Cela est particulièrement vrai pour les personnes qui possèdent peu d’effets personnels, parfois seulement les vêtements qu’elles portent.
Les articles donnés ont un impact positif sur les conditions de vie et le bien-être général des personnes qui les reçoivent. De plus, la distribution d’articles sanitaires joue un rôle crucial dans la prévention des maladies et des infections, favorisant ainsi la bonne santé des personnes ciblées et des communautés avec lesquelles elles échangent.
« J'essaie de trouver du travail ici ; j’ai eu quelques opportunités en tant que travailleur journalier », poursuit Ahmed Nour. La population de Djibouti fournit souvent une assistance gratuite aux migrants en transit ou bloqués. Leur fournir des articles essentiels contribue à réduire la pression sur les ressources de la communauté d’accueil, favorisant ainsi un environnement inclusif et harmonieux qui favorise la solidarité et la compréhension entre les deux communautés.
Grâce au fonds du Centre d'aide humanitaire et de secours Roi Salman (Ksrelief), l'OIM Djibouti a pu aider des milliers de personnes comme Ahmed Nour, à travers des distributions mensuelles de kits de dignité à Djibouti (Ali Sabieh, Dikhil, Obock et Tadjourah), en étroite collaboration avec les autorités locales. En un an, plus de 10 000 kits ont été remis aux membres vulnérables des communautés d’accueil et de migrants le long de cette partie de la route de l’Est.
Ces distributions font partie de la réponse humanitaire plus large de l'OIM à Djibouti, visant à répondre aux besoins des personnes vulnérables, dans le cadre du Plan régional de réponse aux migrants (MRP). Le MRP est une stratégie interinstitutionnelle élaborée par l'OIM en coordination avec des partenaires non gouvernementaux et intergouvernementaux régionaux et nationaux, fournissant un cadre stratégique essentiel pour garantir une approche sociétale compréhensive pour répondre aux besoins des migrants vulnérables et des communautés d'accueil dans les pays de la route de l’Est et la Corne de l’Afrique vers le Yémen et l’Afrique du Sud.
Ecrit par : Laëtitia ROMAIN - Media and Communications Officer
lromain@iom.int - International Organization for Migration - Djibouti