Guérir ensemble : histoires de transformation de Djibouti
12 octobre 2023
En juillet 2023, Djibouti a enregistré un total de 21 573 mouvements migratoires, avec une moyenne de 719 mouvements par jour.
Parmi ces mouvements, 4 621 ont été observés dans la région d'Obock, située au nord de Djibouti. Cette région située sur une position géostratégique, sert de point de passage pour de nombreux migrants qui traversent le golfe d'Aden en direction de la péninsule arabique. Le pays sert également destination pour de nombreux migrants. 7 271 migrants auraient été bloqués à Djibouti en 2023, ces migrants étant incapables de poursuivre leur voyage, souvent en raison de manque de ressources. L'Organisation Internationale pour les Migrations à Djibouti a mis en place un Centre d’Orientation et d’Assistance aux Migrants (COAM) à Obock, au nord de Djibouti, pour fournir une assistance humanitaire d’urgence dont l’aide au retour volontaire dans le pays d’origine .
Le COAM fournit non seulement un hébergement, une assistance directe et des services de protection aux bénéficiaires, mais propose également diverses activités de santé mentale et de soutien psychosocial (SMPSS). Ces activités sont conçues pour apporter un soutien psychologique aux personnes dans le besoin et pour améliorer leur bien-être psychosocial général.
Ali Moussa, chargé de ces activités, explique : "Ces activités psychosociales sont structurées en quatre niveaux pour répondre de manière adaptée et intégrée aux différents besoins psychosociaux des migrants. Le COAM organise en particulier des activités communautaires, telles que des activités socio-relationnelles et culturelles. Ces activités visent à renforcer le soutien social, à promouvoir la cohésion sociale, à aider à résoudre les problèmes collectivement, à réactiver les ressources culturelles de la communauté, à renouer avec les valeurs culturelles, à exprimer les émotions et à soulager le stress".
Oumari, âgée de 20 ans, a quitté son pays il y a un an et demi avec son mari pour trouver de meilleures conditions économiques dans la péninsule arabique. En raison de l'insécurité du voyage et des violences subies en cours de route, ils ont décidé de rester à Obock.
Elle explique : "Quand je fais ces activités, je sens un poids très lourd s'enlever de mes épaules et à la fin de chaque séance, je me sens légère". Elle rajoute que « l’espace des activités est un lieu qui m’apporte sécurité, un lieu de rencontre et de discussion ».
Grâce à ces activités de la MHPSS, Oumari a développé une meilleure estime d'elle-même et de ses capacités : "J'ai appris à tisser différents produits et j'aimerais maintenant mieux maîtriser la couture." Le soutien social lui apporte du réconfort et amortit les effets de l'éloignement de sa famille et les soucis de la vie quotidienne.
Mohamed, un mineur de 17 ans, a quitté son pays d'origine il y a huit mois pour se rendre en Arabie Saoudite. Les raisons qui l'ont poussé à émigrer étaient de soutenir économiquement sa famille, qui connaissait une période de récolte difficile en raison du conflit qui sévissait dans le pays. Leur ferme était leur seule source de revenus.
Mohamed a connu une détresse physiologique et psychologique extrême, ainsi que la soif, la faim et la fatigue au cours de son périple migratoire. Il s'est présenté au COAM d'Obock il y a quatre mois pour demander de l'aide pour un retour volontaire dans son pays d'origine. Il semblait déçu et se sentait coupable de son expérience et rongé par le remords. Bien que son état de bien-être se soit amélioré au fil du temps, le mal du pays l'a beaucoup affecté pendant son séjour ; il avait du mal à dormir et manquait d'appétit. Mohamed a déclaré qu'il était très impliqué dans les activités d'éducation informelle qui se déroulent quotidiennement au COAM. " Je m’intéresse beaucoup aux lectures et les dessins, elles m‘aident à mieux me sentir."
Les activités SMPSS visent à faire participer les mineurs à des tâches cognitives qui détournent leur attention des événements difficiles et leur permettent d'éprouver des émotions positives et fuir leur quotidien souvent difficile. En offrant aux enfants un environnement sûr pour interagir et partager leurs expériences, ces activités les aident à réaliser qu'ils ne sont pas seuls dans leurs difficultés. Comme le dit Mohamed, "en discutant avec les autres enfants, je me rends compte que ma situation n'est pas la pire".
Écrit par
Kaousar Saad
OIM
Gestionnaire du programme de lutte contre la traite des personnes & Communication