« Ma localité, ma responsabilité »
Araita Ali à 49 ans et est originaire de Kontali, un village qui se trouve dans la plus grande région de Djibouti, Dikhil.
Gendarme pendant 3 ans, il est grièvement blessé en 1998. À la suite de cet épisode malheureux, il garde des séquelles qui le handicapent au quotidien. Malgré tout, le père d’une famille nombreuse de dix enfants à fais de son handicap une force pour être une voix respectée dans son village d’origine.
A Djibouti, la problématique de l’accès aux services d’assainissements demeure un défi toujours aussi présent dans le quotidien des habitants vivant dans les localités rurales.
L’UNICEF mène un projet visant à expérimenter l’approche de l’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC) dans seize localités du pays issues des cinq régions. Cette approche permet de donner aux communautés le pouvoir d’éradiquer totalement la défécation à l’air libre en construisant elles-mêmes leurs propres latrines et contribuer ainsi à l’atteinte de l’ODD 6.
L’approche ATPC facilite le processus d’implication et de responsabilisation des communautés. L’utilisation de ces latrines peut donc se faire sans appui financier des acteurs de développement et des partenaires financiers et aussi sans subventions des partenaires ni du gouvernement.
Ce projet entre dans le cadre du programme "EU-IGAD COVID-19 Response" Financé par l'Union européenne et qui vise à atténuer l'impact sanitaire et socio-économique de la pandémie de COVID-19 en proposant des actions coordonnées, cohérentes et globales dans toute la région de l'IGAD.
Araita raconte : « En Janvier dernier, j’ai été formé à Kontali pendant l’atelier de formation des facilitateurs communautaires sur la mise en œuvre de l’approche ATPC. Le fait d’avoir la responsabilité de faire changer des mentalités me plaît. Je connais Kontali comme ma poche. Mes enfants y ont grandi, et mes deux petits enfants aussi. »
Il souhaite inculquer à ses enfants, même les plus jeunes, les valeurs d’entretien de leur espace personnel et d’éducation à l’hygiène qu’il considère comme étant important dans la vie de tout un chacun.
Il poursuit : « En investissant pour accéder à des latrines appropriées, mais aussi en les utilisant et en les entretenant correctement, nous avons pu éliminer la défécation à l’air libre dans notre village, pratique qui parait dégradante aux yeux de certains citadins habitants à Djibouti-ville. Mais nous sommes avant tout fiers de nous, des habitants de ce village qui se sont saisis de la question à bras le corps. Kontali est exempt de la pratique de la défécation à l’air libre. Nous avons pu analyser nos conditions sanitaires en prenant conscience de l’impact négatif de la défécation à l’air libre sur notre environnement tout en nous rendons compte que c’est un problème de santé publique. Kontali, c’est ma localité, donc ma responsabilité ! »
L’objectif de ce projet mis en œuvre par l’UNICEF, en partenariat avec le Croissant Rouge et en coordination avec l’UNOPS et l’IGAD avec le financement de l’Union Européenne, est de susciter un changement favorable dans le comportement sanitaire de la population djiboutienne vivant dans les localités rurales. L’approche de l’Assainissement Total Piloté par la Communauté permet aux habitants visés par le projet, comme Araita, d’enrayer cette pratique dans leurs communautés respectives, et par conséquent éviter tout risques de maladies hydriques pouvant toucher les enfants tout particulièrement.
Araita Ali relate son implication pour cette cause, qui remonte à quelques années déjà : « Ma première formation remonte à 2012 avec l’UNICEF. Je me suis saisi de l’importance de cette question il y a donc quelques années de cela. Les déclenchements[1] sur la défécation à l’air libre dont nous avons bénéficiés ont créés un sentiment de dégout et de honte au sein de nos communautés. Ces sentiments touchent à la dignité humaine. Ce sont ces mêmes personnes qui ont été amenées à prendre la décision de mettre fin à la défécation à l’air libre en construisant elles-mêmes des latrines. C’est extrêmement motivant de se savoir autonome. »
Selon les données nationales de 2017 et du Programme conjoint OMS/UNICEF de surveillance de l'approvisionnement en eau, de l'assainissement et de l'hygiène (JMP) de 2020, environ 64% de la population vivant en milieu rural défèque dans la nature. La défécation à l’air libre est une menace pour la santé et la sécurité publique, surtout celles des femmes et des filles, et un obstacle au bien-être social et économique.
L’appui de UNICEF aux efforts du Gouvernement de Djibouti à travers le partenariat avec le ministère de l’Agriculture, de l'Eau, de l'Elevage, de la Pêche et des Ressources Halieutiques et le Croissant Rouge de Djibouti pour la mise ne œuvre de l’approche d’assainissement piloté par la communauté (ATPC), le marketing de l’assainissement, la promotion du lavage des mains aux moments critiques et des bonnes pratiques d’hygiène, favorisera la réduction du taux de défécation à l’air libre pour un objectif cible de mettre fin à cette pratique à Djibouti d’ici 2030, conformément à l’ODD 6.2.
Financé par l'Union européenne, géré par l'UNOPS et mis en œuvre par l'IGAD, l'OIM, l'UNICEF et le TMEA, le programme renforce la capacité de l'IGAD à coordonner les réponses nationales, à accroître l'accès aux services de santé et d'eau, d'assainissement et d'hygiène pour les groupes vulnérables, à atténuer la violence sexiste, à améliorer l'engagement communautaire, à garantir la sécurité des frontières et des chaînes d'approvisionnement critiques pour le commerce et à promouvoir des solutions numériques pour surveiller la pandémie. le volet numérique est géré par la GIZ.