Omar Kassim Youssouf est le proviseur du lycée général d’Obock depuis près de 6 ans. Il nous détaille son ressenti quant à la mise en place du programme de renforcement des compétences des adolescent(e)s au bénéfice des 237 élèves de son établissement. Il vit son engagement contre ces pratiques néfastes de manière dynamique.
L’éducation des jeunes lycéens djiboutiens, rempart face aux mutilations génitales féminines et aux grossesses non désirées.
Une quinzaine d’établissements scolaires du pays bénéficient du programme de renforcement des compétences des adolescents, mené par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFOP), avec l’appui technique et financier de l’Unicef.
Ce programme initie les professeurs à la sensibilisation sur des thématiques telles que les Mutilations Génitales Féminines (MGF) ou encore, les Grossesses Non Désirées (GND), la santé des adolescents et le mariage précoce.
Les élèves du lycée général d’Obock ont pu bénéficier de ces séances de sensibilisations. Omar nous explique que la pratique des MGF étant toujours courante dans la région d’Obock, ces séances ont pu conduire à la composition de sketches élaborés par les élèves eux-mêmes. « Le corps enseignant appuie nos élèves pour qu’ils aient une meilleure compréhension de ces thématiques qui restent encore bien ancrées dans nos traditions. Les sketches qui mettent en scène ces situations actuelles contribuent à la prise de conscience de nos lycéens qui seront les adultes de demain. C’est en préparant la génération future à changer ses habitudes que nous arriveront à faire évoluer les mentalités. »
Pourtant, les débats qui s’en suivent avec certains parents d’élèves restent houleux. En effet, Omar poursuit : « Encore hier on m’invitait pour assister à la cérémonie d’excision d’une jeune fille. Le fait de pénaliser la pratique dissuade certains parents, mais cela ne suffit pas à arrêter les plus déterminés ».
Malgré tout, Omar tient à rester positif car les jeunes adolescents du lycée général d’Obock s’approprient de plus en plus ces questions auparavant considérées comme un sujet tabou au sein de la famille.
Goumati et Hasna ont 17 ans et sont en 1ère Scientifique. Ranine à quant à elle 16 ans et est en seconde. Elles sont fières de contribuer au changement de mentalités en cours dans leur entourage.
La mère de Ranine est sage-femme. La jeune fille raconte : « Le métier de ma mère m’aide à comprendre toutes les conséquences néfastes sur le corps de la jeune fille. Ces sketches sont destinés à nous élèves. Cela nous permet de renforcer notre estime de soi car nous nous réapproprions notre corps ».
« Ce Programme nous a permis de nous concentrer davantage sur nos études tout en participant activement aux activités extra-scolaires. On fera en sorte d’avoir un avenir positif en mettant l’accent concernant notre réussite future, qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Tolérance Zéro concernant les MGF ! ».
L’éducation et la formation professionnelle sont essentielles à la croissance et au développement du capital humain dont le pays a besoin pour réaliser sa « Vision Djibouti 2035 ».