Campagne de vaccination contre la poliomyélite dans les régions
La campagne de vaccination contre la poliomyélite n’est pas en reste dans les régions !
Nous avons suivi les équipes du ministère de la santé et de ses partenaires de travail à savoir l’UNICEF, l’OMS et AFENET pour appuyer les équipes cadres dans la planification, la mise en œuvre des activités de terrain et le suivi des indicateurs de qualité sur deux sites : Tadjourah et Obock !
Focus Tadjourah – Jour 3 : Les médecins chefs et les équipes de vaccination au cœur de cette campagne !
Nous sommes allés au centre médical hospitalier de la ville de Tadjourah où a lieu chaque matin le déploiement des équipes de vaccination. Charmarke Abdi-Rachid, médecin généraliste de formation, est actuellement le médecin en chef par intérim de l’hôpital. Il supervise et a la charge de la bonne continuité de cette campagne de vaccination contre la poliomyélite.
« Appuyé par Moussa Traoré, épidémiologiste de terrain (OMS) pour la formation des agents de terrain et les superviseurs, nous avons pu réaliser les formations adéquates pour l’ensemble des équipes. Sur le site de Tadjourah à l’hôpital médical hospitalier, nous avons 35 équipes supervisées par 8 superviseurs pour quadriller toute la région. Dans la ville, nous disposons de 8 équipes de vaccination suivies par nos superviseurs. Il y a aussi 3 équipes de monitorage indépendants qui viennent évaluer la qualité de la campagne ainsi que l’efficacité des équipes de terrain dans les différentes sous-localités. Derrière ce processus de vaccination, il y a une réelle coordination et une synergie qu’il faut impérativement cadrer et suivre pour réussir à avoir des données exploitables » nous étaye le Dr Charmarke Abdi-Rachid.
A cela s’ajoute une dernière équipe de contrôle : c’est l’équipe LQAS (lot quality assessment sampling), de 2 personnes, qui rend compte directement aux points focaux des partenaires placés dans chaque région pour appuyer les équipes du ministère de la santé. Durant 2 jours, ils parcourent 6 localités de Tadjourah de façon aléatoire : cette équipe se doit de visiter 10 ménages par localité pour avoir une idée précise de la qualité de la couverture vaccinale.
Moussa Traoré, point focal OMS à Tadjourah, « Sur 60 enfants vaccinés, si seulement 3 enfants ou moins n’ont pas été vaccinés, nous considérons que la couverture vaccinale est satisfaisante. Bien évidemment, des enquêtes durant les visites sont menées pour mieux comprendre pourquoi certains ménages n’ont pas bénéficié de la vaccination et nous revenons sur ces zones peu couvertes ».
Les vaccinateurs :
Une trentaine d’équipe de vaccination silionne toute la journée les différents secteurs de Tadjourah. Nous sommes partis suivre avec Moussa Traoré, point focal OMS, une équipe de vaccination sur le terrain composée d’un jeune vaccinateur, Billah Hassan Mohamed, de Sabira Chehem Abayazid, enregistreuse et de Fatouma Othman Mohamed une mobilisatrice.
Chaque équipe de vaccination a un secteur bien spécifique pour faire du porte-à-porte, informer, sensibiliser les ménages et administrer deux gouttes de vaccin polio oral aux enfants de moins de 5 ans. Billah et Sabira sont de jeunes étudiants. Fatouma Othman n’est pas à sa première campagne : elle était autrefois enregistreuse. C’est une tradition de famille de contribuer à l’épanouissement et à l’éducation des communautés : sa fille fait actuellement partie de la campagne. Le flambeau est donné à la nouvelle génération !
Le jeune Billah vaccine les enfants une fois les familles informées de la visite de l’équipe. « Le marquage des ménages est une étape importante et il est fait aussitôt le processus de vaccination effectué pour informer les autres équipes de notre passage, du nombre d’enfants présents de moins de 5 ans vaccinés ou pas » nous indique Billah.
Au retour de terrain de l’ensemble de ces équipes, Dr Charmarke Abdi-Rachid s’assure de contrôler les feuilles de pointage pour calculer la couverture vaccinale journalière tout en vérifiant le nombre de vaccins et matériels utilisés. Le contrôle des flacons utilisés et déchets sont importants car il faut suivre des normes bien spécifiques de sécurité et d’hygiène. A cela s’ajoute les réunions de partage et retour d’expérience avec l’ensemble des équipes pour faire une synthèse des données, des points forts et d’amélioration pour une meilleure couverture vaccinale dans les différents secteurs de la ville.
Focus Obock – Jour 3 : Camp réfugié MARKAZI, une campagne vaccinale inclusive !
Centre Médical Hospitalier de Obock. Ce centre, au cœur de la ville, est multidisciplinaire. Il est également le point de départ et gestion de la campagne de vaccination.
A cet égard, nous avons rencontré Oudoum Kamil Aboubaker, l’infirmier major du CMH et point focal AFENET sur Obock. Il supervise au quotidien les activités de vaccination : il dispose de 5 équipes sur le terrain pour atteindre environ 2 800 enfants vaccinés en fin de campagne de vaccination. Nous avons discuté des points d’amélioration à retenir pour la prochaine campagne.
« Les ressources humaines, à savoir les équipes mobilisées, doivent être un peu plus nombreuses sur la région d’Obock pour une meilleure couverture vaccinale surtout dans les zones difficiles d’accès. D’ailleurs dans ces zones, durant les précédentes campagnes de vaccination contre la poliomyélite, nous avions recourt à l’aide des chameliers. Les équipes de vaccination chargeaient leurs équipements sur les chameaux et étaient, ainsi, guidées par le chamelier jusqu’aux zones les plus reculées. Ce serait une excellente idée de reprendre ces mécanismes et procédés qui ont longtemps donné de bons résultats » nous propose Mr Oudoum Kamil Aboubaker.
Le renforcement de capacités pour les jeunes équipes de terrain est un point à accentuer : en effet, comme nous l’explique l’infirmier major, les équipes les plus jeunes participant à leur première campagne de vaccination nécessite, plus qu’une formation accélérée, une réelle immersion pour mieux assimiler la technicité que requiert cette lutte active et accélérée contre la polio.
Camp Markazi – OBOCK. Nous avons fini notre journée dans le camp Markazi, géré par le HCR et bénéficiant d’une assistance alimentaire du PAM, dédié à l’accueil des réfugiés yéménites qui ont fui la guerre au Yémen.
Depuis 2019, Fathia Ahmed Mohamed est l’infirmière major et responsable du camp Markazi. Elle reçoit ses patients dans sa petite clinique et les oriente au CMH de Obock pour l’administration des soins. « La plupart des habitants de ce camp sont assez informés sur le processus de vaccination et l’importance des vaccins. Il y a quelques temps, mon équipe et moi nous les sensibilisions aux vaccins contre la Covid-19. Comparé aux années précédentes, le nombre d’habitants dans le camp a diminué. Actuellement, je pense que nous avoisinons les 150 enfants dans le camp. Pour une meilleure couverture vaccinale contre la poliomyélite, il faut prendre en compte les emplois du temps des ménages. Par exemple, parfois les enfants sont à l’école et il faut donc revenir pour les vacciner. Mes équipes de vaccination et moi, nous nous adaptons à la vie dans le camp et aux habitudes coutumières de ces habitants. ».
L’infirmière accompagnée du vaccinateur sillonne les allées du camp pour les informer, sensibiliser et procéder à la vaccination des enfants de moins de 5 ans. Elle s’assure que le marquage des ménages soit bien effectué suite à la vaccination pour mieux quadriller la zone.