Campagne de vaccination contre la poliomyélite
FOCUS : DJIBOUTI VILLE
Cette campagne de vaccination de masse faite sur l’ensemble du territoire est une stratégie clé afin d’administrer le vaccin à la population sur une période courte de 5 jours : l’objectif étant de renforcer rapidement l’immunité de la population. Ce type d’intervention est crucial pour protéger dans les plus brefs délais les enfants. Avant le mois de Ramadan, les équipes du ministère et de ses partenaires de travail à savoir UNICEF, OMS et AFENET ont prévu deux campagnes de vaccination successives pour vacciner le maximum d’enfants de moins de 5ans. Il est important de rappeler que ce programme de vaccination est inclusif et cible tous les enfants y compris les populations réfugiées et dites « flottantes » comme l’a soutenu fermement le ministre de la santé, son Excellence, Mr le ministre de la santé, Dr Ahmed Robleh Abdilleh.
Nous avons suivi ce premier tour de cette campagne de vaccination à Djibouti-ville et les régions pour mieux comprendre les différentes étapes de la vaccination sur le terrain et rencontrer les équipes multidisciplinaires déployées pour couvrir le territoire.
Polyclinique de PK 12 « Gouled Houssein Gouled »: Distribution des vaccins
Une distribution journalière des vaccins aux différentes équipes et responsables des centres de santé est faite chaque matin. Les vaccins ont été placés dès leur arrivée, le 16 février dernier, dans des chambres froides à PK20. Les agents de terrain, avant de commencer les activités de vaccination, viennent récupérer les flacons placés dans des porte-vaccins avec les mini-bus prévus à cet effet. Ces flacons reçus pour chaque jour sont retournés en fin de journée au site de stockage : soit en chambre froide si ces derniers sont encore utilisables, soit pour y être détruits. Les équipes du ministère de la santé notamment du PEV (Programme élargi de la vaccination) accompagnées des partenaires comme ici, l’OMS avec notre experte polio venue du bureau régional pour renfort Mme Minh-Ly PHAM-MINH, profitent pour faire un petit débriefing sur la situation en donnant les vaccins : nombre d’enfants à vacciner, ceux déjà vaccinés, nombre de vaccins utilisés, les difficultés rencontrés sur le terrain …. etc.
Nous avons rencontré Mr Hassan Robleh Hirab au centre de stockage de PK 12. Il est venu récupérer très tôt le matin les vaccins pour son petit centre de santé communautaire situé à PK 20.
Focus sur un centre de santé communautaire : Secteur PK 20 en face du DIFTZ (Djibouti International Free Trade Zone)
Mr Hassan Robleh Hirab est un infirmier major et responsable du centre de santé communautaire de PK 20 nommé « Guédi Gab » à la mémoire d’un ancien doyen de la région de Wea.
« Ce matin j’ai récupéré pour mes équipes deux portes-vaccins contenant deux flacons. La couverture vaccinale étant faible sur ce secteur nous espérons vacciner aujourd’hui une centaine d’enfants. Ce n’est pas ma première campagne de vaccination contre la poliomyélite, j’ai donc de l’expérience pour assurer la supervision de mes équipes et les aiguiller. Nous disposons dans ce centre de santé deux équipes composées de vaccinateurs, des enregistreurs et des mobilisatrices. Ces dernières sont au nombre de 5. Elles connaissent le secteur et les familles résidentes dans cette petite localité de PK 20 ce qui nous aide beaucoup pour assurer nos avancés en termes d’information, de sensibilisation et, par la suite, la vaccination des enfants de moins de 5ans » nous explique Mr Hassan Robleh.
Entouré de ces deux équipes de terrain, Hassan Robleh a pu commencer sans souci sa campagne de vaccination pour protéger les enfants. « Les portes fermées durant les visites auprès des ménages est une de nos plus grandes contraintes. « Effectivement, durant la journée, les gens se livrent à leur activité journalière pour se nourrir, les enfants sont à l’école. Nos équipes s’appliquent à marquer les portes des ménages nécessitant une autre visite pour être bien sûrs d’avoir répertorié chaque maison » ajoute-t-il.
La réception des vaccins est suivie d’une étape cruciale qu’est le déploiement des équipes sur le terrain. En effet, les responsables de chaque équipe du ministère de la santé supervisent le dispatch des équipes composées de vaccinateurs, d’enregistreurs et de mobilisateurs avec des objectifs bien spécifiques à atteindre chaque jour. Nous sommes repartis sur le site choisi par le ministre de la santé pour le lancement de la campagne de vaccination le 25 février dernier à savoir la polyclinique de Hayableh « Gouled Houssein Gouled » en plein déploiement des équipes de vaccination sur le terrain avec les vaccins en main.
Mohamed Moussa Waberi, major en chef du site en charge de la supervision de la vaccination sur ce site « Pour rappel, la polyclinique de Hayableh couvre un très grand secteur de la commune de Balbala : 9 grands secteurs de Hayableh sont reliés à cette polyclinique. De part sa grande couverture, elle a été choisie comme point de départ de la campagne de vaccination. Cela nous a fait plaisir et nous encourage dans nos activités de vaccination mais également dans notre travail du quotidien au sein de ce centre de santé qui accueille environ une centaine de personnes par jour pour des consultations et des soins. Depuis le début de la campagne, nos débuts de matinée sont chargés notamment avec le déploiement des équipes tôt le matin. Ce matin, nous avons 18 équipes qui seront sur le terrain. Chaque équipe couvre un secteur bien spécifique avec leurs porte vaccins avec un nombre d’enfants à vacciner » insiste t-il.
Pour faire face aux réticences de la population sur l’efficacité des vaccins et les fausses rumeurs qui constituent un réel rempart à la lutte contre la poliomyélite, la polyclinique est soutenue par une équipe de mobilisatrices et mobilisateurs expérimentées.
Les mobilisateurs, souvent des femmes, ont toutes et tous participé à des séances d’information et de sensibilisation faite par la DPS, le département de la promotion de la santé, au ministère de la santé appuyée par notre spécialiste à l’OMS en RCCE(Risk Communication and Community Engagement), Mr Guy Feukwu et un consultant en communication pour la polio de l’Unicef, Mr Bernard Ayibodo.
Qui sont ces mobilisatrices et mobilisateurs de choc et quel est leur rôle ?
Les mobilisateurs principalement des mobilisatrices sont des acteurs clés de cette campagne qui accompagnent les vaccinateurs et les enregistreurs sur le terrain. Ces dames viennent en appui au ministère de la santé durant les campagnes de sensibilisation pour donner de la voix aux urgences sanitaires et les préconisations des experts de santé pour les populations. Issues de toutes les communautés de Djibouti, maitrisant les différentes langues du pays ainsi que les particularités coutumières et religieuses des quartiers, elles constituent la clé de succès de chaque campagne de sensibilisation. Elles interviennent dans les zones difficiles d’accès, connaissent les habitudes des ménages, les habitants des quartiers ont confiance en elles car elles habitent dans ces mêmes secteurs et partagent leur quotidien. Ces dames, et quelques hommes, formés aux dernières recommandations et préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé sur le vaccin contre la poliomyélite par le ministère de la Santé et de ses partenaires, descendent chaque jour sur le terrain afin d’informer, de sensibiliser les ménages à l’importance de la vaccination et des risques encourus en cas de refus. Tous ces mobilisateurs sont au-devant de l’équipe de vaccinateurs et avec leurs microphones, elles passent le message et attirent l’attention des populations dans chaque quartier toute la journée. Au préalable du terrain, elles travaillent étroitement avec les chefs de quartiers, les centres communautaires de santé, les leaders religieux et le corps enseignants pour une meilleure compréhension de la situation sanitaire.
Près d’une petite école sur le quartier 3, nous avons rencontré une jeune équipe de vaccinateurs en fin de journée à la sortie des classes.