Markazi - Obock : La résilience active d’une femme refugiée
14 mars 2022
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Markazi - Obock : La résilience active d’une femme refugiée
Autrefois dépendante d’assistance humanitaire, aujourd’hui autonome et actrice du développement dans sa communauté d’accueil, Haïfa est l’incarnation du courage, de la persévérance et de la résilience des personnes forcées de fuir.
Haïfa a fui la guerre au Yémen, en mai 2015, après que sa maison ait été incendiée. Laissant un pan de sa vie derrière elle, Haïfa décida alors de quitter Sanaa sa ville natale. Elle embarqua, au péril de sa vie, dans des barques de fortune avec ses 05 enfants et 01 petit-fils pour rejoindre Markazi, région d’Obock, en passant par Al-Hodeïda.
Une nouvelle page s’ouvre…
A Markazi, dans le village des réfugiés, où elle est accueillie avec sa famille, Haïfa retrouva ce qu’elle considère le plus important dans la vie : vivre en paix. Cette paix retrouvée, dans le village très hospitalier de Markazi, Haïfa commença à broder et à vendre des ‘boubous yéménites’ pour subvenir aux besoins de sa famille.
Très vite, avec sa grande ouverture d’esprit vers l’entreprenariat, elle remarqua que les réfugiés étaient obligés de se rendre à Obock, chef-lieu de préfecture situé à environ 4 km, pour faire leurs emplettes. Elle entreprit alors de combler ce besoin. Elle vendit ses bijoux pour acheter des marchandises et ouvrir une boutique devant sa maison.
Haïfa reçu, six mois plus tard, un appui financier d’environ 250 dollars du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés en vue de renforcer son commerce. Cet appui financier permit à Haïfa d’élargir son commerce et de diversifier ses sources de revenus. En plus des marchandises, elle commença à faire le commerce de bétails. Elle achète et élève des moutons qu’elle revend à Djibouti ville et parfois les fait convoyer par bateau jusqu’au Yémen où elle continue d’entretenir des liens familiaux et commerciaux.
Aujourd’hui, Haïfa est une commerçante prospère. Elle a pu acheter pour son fils aîné un « bajaj », une sorte de tricycle utilisé pour les transports en commun. Ses activités profitent à toute la communauté de Markazi qui accueille actuellement près de 3 000 réfugiés d’origine yéménite. « J’ai l’intention d’ouvrir un grand entrepôt à Obock et à Djibouti ville pour vendre des marchandises à bas prix en guise de reconnaissance pour le pays et la ville qui m’ont offert leur hospitalité » dit-elle.
… dans un chapitre de transformation communautaire.
Haïfa envisage aujourd’hui sereinement l’avenir de sa famille et celle de sa communauté d’accueil. Pleine de dynamisme et avec une joie de vivre débordante, Haïfa est un membre influent d’un groupement de femmes refugiées déterminées à être des agents de transformation de leur communauté d’accueil. Crée en 2021, sous l’encadrement de l’Agence Djiboutienne pour le Développement Social, partenaire du HCR, ce groupe dénommé Groupement d’Entraide et d’Affinité (GEA) compte 60 femmes membres. Elles se réunissent chaque semaine pour passer en revue les succès et défis de leurs différents activités génératrices de revenus et se soutenir mutuellement.
Comme Haïfa, toutes les femmes du GEA parviennent à générer des revenus, souvent substantiels, contribuant ainsi à l’essor économique de leur communauté d’accueil et du pays. « Des femmes du village de Markazi m’accostent souvent et me disent qu’elles veulent aussi entreprendre des activités génératrices de revenus comme moi, et je leur donne des conseils » dit-elle.
A Markazi, comme ailleurs dans d’autres localités du pays, le HCR et ses partenaires œuvrent à l’autonomisation des réfugiés et des communautés hôtes pour un meilleur avenir. Financées par l’Union-Européenne, plus de 80 activités génératrices de revenus ont été créées, entre 2020 et 2021, dans le cadre du projet d’appui à l’entreprenariat pour les réfugiés et des ménages hôtes, en vue de promouvoir leur inclusion socio-économique.