Nouria a participé à une formation d’un pool national de formateurs en techniques de communications et d’engagement communautaire conjointement organisée par Ministère des Affaires Sociales et des Solidarités (MASS) et l’UNICEF dans le cadre de la mise en œuvre des pratiques sociales essentielles (PSE) à Djibouti. Elle revient sur son engagement communautaire et de l’importance de cette formation.
« Il faut aimer ce travail pour pouvoir le réaliser ».
Nouria Mohamed a commencé son implication dans le social en travaillant au sein du Ministère de la promotion de la femme en 2005, dans le cadre de l’élaboration de la stratégie nationale d’abandon de toutes formes d’excisions. En 2007, le programme de L’ONG Tostan est venu travailler à Djibouti avec une approche participative et holistique pour traiter des Mutilations Génitales Féminines (MGF) en formant des formateurs et en mettant en place des comités de gestion. S’en suit alors un travail de sensibilisation des communautés à cette question.
En 2010 Mme Nouria Mohamed intègre le ministère des Affaires musulmanes de la Culture et des Biens Waqfs jusqu’à ce jour. Elle effectue un travail de consultation avec le Bureau-pays de l’Unicef à Djibouti pour travailler avec les religieux en les formant à la communication pour le développement dans le cadre des travaux communautaires.
Mme Nouria bénéficie en 2011 d’une formation sur la Communication pour le développement, qui était délivré au ministère de la Santé. Elle forme à son tour les Agents de Santé Communautaire (ACS) en travaillant avec deux comités (comité de gestion et un comité de santé) qui ont fusionné par la suite.
La communication axée sur les changements comportementaux (anciennement communication pour le développement) existe depuis bon nombre d’années à Djibouti et tour à tour, le ministère de la promotion de la femme, le ministère de la Santé et le ministère des affaires Sociales et des solidarités se sont emparés de la question. Le renforcement des connaissances des points focaux présents durant ces cinq jours d’ateliers était au centre des débats.
Comment définiriez-vous la communication axée sur les changements comportementaux ?
« C’est un concept que l’on doit s’approprier pour pouvoir le recommuniquer au sein de la communauté. Car celui qui ne comprend pas le concept aura du mal à le faire appliquer ou à l’expliquer en retour. Et je pense que les valeurs promues par l’islam rejoignent les valeurs que je porte et qui m’ont servi tout au long de ma carrière, à savoir l’empathie envers les populations démunies et le fait d’être disponible pour aider sa communauté. Il faut aimer ce travail pour pouvoir le réaliser. »
En quoi cette formation est importante pour les parties prenantes présentes ?
« Les points focaux ne sont pas les mêmes au gré des formations, donc un rappel est toujours nécessaire. Cet atelier tombe à point nommé car la communication axée sur le changement comportemental évolue et c’est une sorte de mise à jour qui bénéficie autant à l’agent communautaire qu’aux communautés qu’il sert. Cette approche est un travail de fond puisque le changement comportemental à comme finalité le développement. »
Comment pouvez-vous utiliser les acquis de cette formation dans votre travail quotidien ?
« Etant donné que je ne suis plus chargée du suivi des programmes communautaires au ministère des Affaires musulmanes de la Culture et des Biens Waqfs, les acquis de cette formation me servent dans ma vie personnelle en tant que présidente de l’Association pour la sauvegarde des Patrimoine. Mon travail avec l’équipe est de promouvoir le civisme auprès de la jeune génération, de les intéresser aux énergies renouvelables et de les introduire au numérique. »
Quels sont les obstacles au changement de comportement ?
« Le principal obstacle est que les communautés ont d’autres problèmes plus urgents, pour eux, que les sujets pour lesquels ont veux les sensibiliser, donc on se heurte parfois à des réticences car leurs préoccupations sont centrées sur d’autres sujets. Pour exemple la commune de Fantahero avait des soucis en approvisionnement en eau, donc pour pouvoir les sensibiliser à d’autres causes, il a fallu faire un plaidoyer auprès de la Préfecture pour pouvoir aider la communauté à s’approvisionner en eau.
De plus, le relationnel est très important pour tisser des liens avec les communautés. Les agents de liaison doivent toujours avoir en tête cette phrase : Qu’est-ce que tu peux faire pour la communauté et pas qu’est-ce que la communauté peut faire moi. Il faut avoir une forte implication auprès des communautés et ne jamais cesser de faire un plaidoyer pour accompagner le changement comportemental, tout en ayant en tête que la communauté doive se prendre en charge à terme. »