Acteurs au cœur de la lutte contre la malnutrition. Qui sont-ils ?
La polyclinique du quartier PK12 de la ville de Djibouti accueille deux fois par semaine des enfants souffrant de malnutrition.
La polyclinique du quartier PK12 de la ville de Djibouti, à l’instar, de toutes celles qui se trouvent dans les différentes régions du pays, accueille deux fois par semaine des enfants souffrant de malnutrition, soit aiguë sévère ou aiguë modérée. Ces jeunes enfants dont certains n’ont pas encore atteint leur premier anniversaire bénéficient d’une prise en charge adéquate leur permettant de voir leur état de santé s’améliorer au fur et mesure.
Ces bébés qui vont mieux.
En ce mercredi matin l’unité de nutrition de la polyclinique accueille les enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère, comme Hawa qui a 15 mois (1 an et 3 mois) et qui est portée par sa maman Khadija Ibrahim qui vit dans le quartier avec ses 5 enfants. « Ma fille est malade depuis 6 mois, c’est en me rendant à une consultation qu’on m’avait informée que ma petite souffrait de malnutrition et qu’il fallait le prendre en charge ». Hawa a été diagnostiqué souffrante de la malnutrition aigüe sévère lors d’une consultation dans une unité PCIME, ou unité de Prise en charge intégrée des maladies de l'enfant, qui l’a immédiatement transféré vers une unité de nutrition thérapeutique ambulatoire ou les enfants sont suivis de près à travers une consultation médicale, elle n’avait alors que 9 mois.
Aujourd’hui Hawa va mieux en un mois et demi elle a pris 1kg 500grs, sa mère est de plus en plus soulagée « aujourd’hui ça va mieux pour ma fille, je viens une fois par semaine pour récupérer sa ration de Plumpy Nut et pour le suivi. Je suis contente ».
Près de Khadija on retrouve Housseini, mère de Mohamed Hassan et de ses 3 frères et sœurs. Le petit Mohamed Hassan a 10 mois et souffre de malnutrition depuis ses 6 mois et a été hospitalisé pour sa malnutrition avec des complications médicales. « J’étais très inquiète lorsqu’il a fallu hospitaliser mon petit de 6 mois, mais depuis quelques mois les choses se sont nettement amélioré. Mohamed va mieux » confie Housseini tout en aidant son petit à prendre sa ration nutritive.
Le constat est là, beaucoup d’enfants, notamment les plus jeunes, souffraient de malnutrition qu’elle soit aiguë ou sévère et Djibouti a depuis plusieurs années déployées d’importants moyens et efforts pour, d’abord prendre en charge ses enfants mais également prévenir la malnutrition chez les enfants et chez les femmes enceintes et allaitantes.
Les Hommes présents aussi.
Mahfoud est là, c’est le seul homme présent aujourd’hui. Il porte dans ses bras la petite Saada qui a un an. C’est la fille de sa sœur Assia qui, malade, n’a pas pu venir. Pour lui aussi, le plus important et que la petite Saada guérisse vite et ne souffre plus de malnutrition. Mahfoud est très présent auprès de sa sœur pour l’aider surtout depuis que celle-ci ait divorcé.
Tout souriant, Mahfoud explique « la santé de Saada s’améliore, elle va mieux et sa mère est contente et c’est le plus important ».
Sa présence rassure car elle démontre que la prise en charge des enfants doit se poursuivre de manière régulière et ils doivent pouvoir être suivie et recevoir leurs rations, et cela même si la maman ne peut pas venir.
Ces agents qui contribuent aux changements.
Dès leur arrivée devant l’unité de nutrition pour le suivi et la remise des rations de Plumpy Nut, les mamans et leurs enfants sont pris en charge rapidement par les agents de santé sur place afin de limiter l’attente qui pourrait irriter les petits. Aujourd’hui c’est Nasra Ibrahim infirmière, qui a été formée sur la prise en charge de la malnutrition aigüe et Zahra Daher, agent de santé communautaire qui prennent tour à tour en charge les enfants.
Zahra Daher, qui elle a été formée sur la prise des mesures anthropométrique des enfants, prend scrupuleusement les mesures, tailles et poids des enfants, avec des gestes justes et doux en même temps. Les informations sont dictées à Nasra Ibrahim qui complète ligne par ligne les fiches de suivi. Entre deux enfants, Nasra explique qu’elle a débuté dans cette polyclinique en juin 2019. Avant cela elle travaillait dans une unité de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant avant de passer par les urgences avant de rejoindre cette unité.
Elle reçoit un nombre considérable d’enfants et parfois certains, qui ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre de Plumpy Nut doivent être envoyé au centre d’excellence nutritionnelle, qui se trouve à quelques centaines de mettre de la polyclinique où il recevra une prise en charge adéquate par rapport à son complication médicale.
« Moi » dira Nasra « je suis à chaque fois contente de revoir les enfants et surtout de voir qu’ils vont mieux ». La jeune infirmière souhaite rester dans cette unité, parce que cela l’intéresse beaucoup et surtout pour aider les enfants. « Mon espoir est que des enfants récupèrent rapidement pour enfin sortir du programme » conclura Nasra avant de reprendre sa séance de sensibilisation aux mamans en utilisant sa boite à image.
Zahra, cette dame d’un certain âge, et son air réconfortant, est agent de santé communautaire depuis deux ans. Elle a décidé de faire cela pour le bien des enfants et la communauté. Ces agents de santé communautaire sont considérés comme étant le premier lien entre la communauté et le centre de santé. Celles-ci s’assurent que l’enfant est bien suivie même chez lui. « Je vais souvent voir les enfants qui passent par le centre chez eux » confie Zahra.
Zahra Daher, raconte que malgré son âge et son expérience de la vie « voire des enfants souffrant de malnutrition me touchant profondément ». « Parfois il m’arrive de prendre l’enfant accompagné de sa mère, moi-même pour les amener dans le centre » dira Zahra.
Il arrive que certains enfants soient contraints d’abandonner pour plusieurs raisons le programme, dans ce cas Zahra, qui connait tout le monde dans le quartier s’enquière de la situation auprès de la famille.
Des chansons pour apaiser les enfants.
A chaque consultation et pendant que les enfants prennent une ration de Plumpy Nut dans les bras de leurs mères assises, Zahra Daher entonne une chanson qui a pour but d’apaiser les enfants pendant qu’ils se nourrissent et de prodiguer aux mamans des conseils. Zahra explique « il est important que l’enfant prenne sa ration dans le calme et qu’il soit apaisé. Souvent parce qu’ils sont souffrants et dans un environnement qui n’est pas le leur, ils s’agitent, pleure et ne veulent pas manger »
Un partenariat pour un impact sure et durable
Aux côtés des efforts du gouvernement visant à lutter contre la malnutrition, un partenariat technique entre le Ministère de la santé, l’UNICEF avec le soutien considérable de l’Union Européenne a vu le jour en 2018, avec pour objectif de renforcer la lutte contre la malnutrition des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes et allaitantes. Ce projet qui a débuté par une analyse de la situation nutritionnelle à Djibouti a atteint sa vitesse de croisière avec la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions visant à renforcer les capacités mais également à fournir des intrants de qualité au profit des enfants touchés par la malnutrition. Et les premiers résultats sont là :
- Les agents de nutrition font une meilleure prise en charge pour les enfants au niveau des structures de santé. Les enfants sont pris en charge rapidement jusqu’à leur guérison finale.
- Maintien de la disponibilité des intrants (Plumpy Nut, F100 et F75) pour la prise en charge thérapeutique des enfants malnutris aigus sévères dans l’ensemble des structures de santé à Djibouti jusque dans les localités les plus reculées.
- Recherche active et dépistage actif communautaire des enfants malnutris qui permet une meilleure sensibilisation et orientation rapide vers les structures de santé la plus proche. Cela réduit considérablement l’aggravation de l’état de santé de l’enfant.
- Une implication de la communauté à tous les niveaux afin d’accompagner les mères d’enfants malnutris.