Appel à la communauté internationale : Invasion acridienne en République de Djibouti 2020
INTRODUCTION
En République de Djibouti (RdD), l'insécurité alimentaire (selon l’IPC) est sérieusement préoccupante, avec environ 280 000 personnes (29% de la population totale) en insécurité alimentaire chronique (CFI) dans tout le pays en mars 2019. Les zones les plus gravement touchées sont les régions d'Obock dans le Nord, les régions d'Ali-Sabieh et de Dikhil dans le Sud, avec respectivement 30%, 25% et 20% de la population rurale au niveau CFI sévère.
Cette situation d’insécurité alimentaire a été récemment aggravée par l'invasion acridienne déclenchée par le fort taux d'humidité anormal depuis les inondations de Novembre 2019, qui a causé des dégâts qui menacent davantage la sécurité alimentaire de plus de 26 700 personnes (4 450 ménages) parmi les populations vivant dans les zones rurales touchées (ou 70% de la population engagée en activités agropastorales). Le Gouvernement de la RdD estime que les dégâts causés par l’infestation des criquets pèlerins sur le couvert végétale (cultures et pâturages) a déjà causé une perte d’autour 5 millions de USD pour toutes les six régions du pays (Arta, Dikhil, Ali-Sabieh, Tadjourah, Obock et la zone périurbaine de Djibouti-Ville – voir Tableau 1).
En effet, alors que le bulletin émis le 4 décembre 2019 par l’unité de veille acridienne de la FAO indiquait que des essaims acridiens devaient frapper Djibouti, un rapport venu du terrain indiquait déjà une présence de criquets entre les 2 et 5 décembre 2019 à Dikhil (As-Eyla, Hanlé, Dikhil zones périphériques, Mouloud), et Ali-Sabieh (Assamo). Les équipes techniques déployées par la FAO et le gouvernement signalaient, en début Décembre 2019, 100% de destruction des cultures fourragères et légumières dans les régions d’Ali-Sabieh et de Dikhil.
En janvier 2020, la diminution des températures à la faveur des pluies qui s’enregistrent encore et la régénération de la verdure (pâturage végétale et aérien) ont favorisé une autre invasion massive, destructive voire persistante. À présent, plus de 80% des 1700 fermes agropastorales établies sur 23 sites agricoles en RdD et près de 5 000 ha des pâturages ont été infestées par les criquets pèlerins. Les dégâts causés sont essentiellement au niveau des jardins agricoles détruisant les productions végétales (légumières, fourragères et fruitières) (Annexe 1) mais aussi et surtout le pâturage aérien constituant la part importante de l’alimentation des caprins et dromadaires qui constituent l’élevage dominant.
L’impact sur les productions végétales constitue une menace sérieuse sur les moyens d’existence et les revenus des communautés rurales. Compte tenu de l’ampleur des dégâts causés, le Gouvernement de la RdD, par le Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage et des Ressources Halieutiques (MAEPE-RH), a lancé un appel à la communauté internationale par un communiqué diffusé le 23 janvier 2020.
LE TEMPS DE L’ACTION… !
Le risque de perte de tout investissement des initiatives agricoles et le travail de fourmi réalisé depuis des décennies par les petits agriculteurs ruraux est énorme, malgré la pluviométrie exceptionnelle. Pour diminuer ce risque, il est urgent de mener des actions à la fois pour le contrôle de l’infestation, mais également de soutien au relèvement :
◼ Du contrôle du fléau, il faudra s’inscrire dans une initiative régionale.
La République de Djibouti à travers son département technique en charge de l’agriculture et les partenaires techniques restent attentifs et se joignent aux initiatives et concertations engagées dans les pays voisins notamment l’Ethiopie, l’Erythrée, le Kenya et la Somalie, notamment par des actions visant à :
• Freiner la propagation de l’infestation des criquets pèlerins par (i) des opérations de lutte terrestre (criquets larvaires) avec approvisionnement en bio-pesticides et équipements, stockage, formations, sécurité humaine et environnementale, et élimination des fûts et conteneurs chimiques, et (ii) opérations de contrôle aérien (criquets adultes) avec sous-traitance des avions, achat de bio-pesticides, sécurité humaine et environnementale, formations et élimination des fûts et conteneurs chimiques.
• Assurer la surveillance au sol, le suivi et les évaluations continues d'impact en partenariat avec le gouvernement