« J’ai fait en sorte que Fatouma devienne mon enfant en lui donnant mon nom de famille, aujourd’hui je suis heureux qu’elle m’appelle papa ! »
Louback Ibrahim est un habitant de la localité d’Adaillou dans la région de Tadjourah. Lorsqu'il a épousé sa femme, déjà mère d’une petite fille prénommée Fatouma, il choisit de reconnaitre l’enfant. Le père biologique de Fatouma ayant refusé la paternité, Louback a décidé d’entamer les démarches administratives auprès des autorités afin que Fatouma puisse avoir son acte de naissance et porter son nom. Son choix, Louback l’assume et en est fier : « J’ai fait en sorte que Fatouma devienne mon enfant en lui donnant mon nom de famille, aujourd’hui je suis heureux qu’elle m’appelle papa ! ».
Grâce à l’amour paternel de Louback, Fatouma a pu bénéficier de son tout premier droit en tant qu’enfant qui est « le droit à l’identité ». L’obtention de son acte de naissance a permis à Fatouma d’intégrer l’école primaire d’Adaillou, mais aussi de pouvoir vivre au sein d’une famille aimante et protectrice.
Louback raconte fièrement « je me suis déplacé jusqu’à Randa pour préparer les documents administratifs afin que ma fille puisse avoir son acte de naissance ».
La plupart des enfants du village d’Adaillou qui grandissent dans un contexte de grossesses non-désirées ou qui font face à un refus de reconnaissance du père présumé portent le nom de famille de leur grand-père maternel. Par conséquent, l’enfant porte le même nom de famille que la mère. Cette situation peut être source de confusion pour l’enfant. Arrivé à un âge avancé, l’enfant peut être victime du jugement des autres personnes de sa communauté, et sa vulnérabilité ne fera que s’accroître sans protections et identité propre.
Louback et sa femme ont aujourd’hui un bébé de trois mois, et Fatouma, âgée de 7 ans va à l’école de la localité d’Adaillou. Avec l’arrivée de leur dernière-née, ce geste ne fait que conforter le choix de ce papa, qui fait figure de cas exceptionnel à Adaillou où la pratique n’est pas courante. Mais en tant que membre du Comité de Gestion Communautaire (CGC) d’Adaillou, Louback tient à raconter son histoire en inspirant d’autres jeunes papas issus des localités environnantes. « C’était inimaginable pour moi d’épouser ma femme sans reconnaitre son enfant, je ne peux pas assumer le fait que mes autres enfants m’appellent papa et pas elle, je veux qu’elle me considère comme son père, je la considère comme ma fille ».
La reconnaissance de paternité de Fatouma est avant tout un geste fort qui concrétise un lien affectif entre ce père et sa fille. C’est aussi une reconnaissance juridique qui lui confère une protection et l’accès aux droits à une identité et à l’éducation, énoncés dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE).
La localité d’Adaillou ayant bénéficié d’un programme mis en œuvre par l’UNICEF en partenariat avec la Direction générale de la Population et de la Famille, les séances de sensibilisation communautaires concourent à encourager la déclaration des enfant nés dans la localité.
Lien vers l'article sur le site UNICEF Djibouti