Ayman, Abdo et Waleed, les « trois mousquetaires de la soudure » à Obock
Ayman, Abdo et Waleed, les « trois mousquetaires de la soudure » à Obock
Depuis 2019, les clients se bousculent aux portes de leur atelier de soudure au cœur de la ville d’Obock. « Nous avons fait le bon choix en venant élire domicile à Obock, une ville proche du Yémen où nous avons des attaches familiale et filiale avec la population locale. Les gens sont merveilleusement accueillant et hospitaliers, la générosité est inscrite dans l’ADN du peuple de Djibouti. » déclarent les propriétaires de l’atelier, en l’occurrence Ayman et Abdo Ali Mohamed, une fratrie originaire du Yémen, et leur cousin germain Waleed Abdallah Mohamed.
Les trois hommes ont fui la guerre civile qui a ravagé leur pays et se sont échoués sur les rivages d’Obock en 2015. Dans le flot des primo arrivants, ils ont refusé de se retrouver noyés dans la masse. Ils ont décidé de se retrousser les manches pour subvenir aux besoins de leurs foyers et ceux de leurs parents trop vieux et trop faibles pour fuir la fureur et la violence au pays.
Déjà forts d’une solide formation technique dans leur pays d’origine, ils ont décidé de puiser dans leurs pré acquis et leurs savoir-faire pour monter une petite affaire. Et quelle affaire ! il eut fallu deux longues et pénibles années d’efforts et de sacrifices où les trois hommes ne comptaient plus les ressources engagées et les sacrifices consentis.
Car il faut dire que la fratrie et leur cousin avaient commencer par s’engager dans une entreprise locale de construction. Celle-ci avait décroché un contrat de construction d’un centre de protection des enfants ‘’ Chids protection Center’’ complètement en structure métallique auprès du partenaire ICAN. Et pour se procurer un poste de soudeur, ils avaient vendu presque toutes les 11 (onze) couvertures reçues par leurs trois familles et celles de leurs parents lors d’une distribution des Non Food Items par une ONG arabe (AL-ISLAH) en décembre 2018.
A force de travail et de persévérance et avec l’appui constant d’un généreux mécène, en l’occurrence de M. DAOUD, patron d’une quincaillerie pour matériels de construction, la lumière est arrivée et leur entreprise a pu voir le jour. Il faut souligner que ledit patron avait apprécié le travail des jeunes réfugiés qui avaient fabriqué un superbe portail métallique à son domicile. En guise de remerciement, celui-ci fit un acte de magnanimité en leur louant une salle dans son entrepôt à raison de 15.000 FD par mois et en leur facilitant le prêt des matériels de construction de sa quincaillerie (Fer à béton, tiges et plaques métalliques, etc.).
Puis, le HCR et les autorités s’en sont mêlés en accordant un financement pour monter leur entreprise dans les meilleures conditions grâce au projet d’appui à l’entreprenariat des réfugiés (PAER). L’intervention du Représentant de l’UNHCR de Djibouti, M. Yohondamkoul Sakor, a été déterminante pour que leur entreprise puisse trouver l’appui financier tant espéré. Une manne financière qui leur a permis de se procurer encore plus de matériels indispensables tels qu’un groupe électrogène de 6 kilowatts, etc. Les trois hommes se disent éternellement reconnaissant au Représentant de l’UNHCR, M. Yohondamkoul Sakor qui leur a donné les moyens d’atteindre une auto-suffisance.
Si aujourd’hui l’atelier de soudure de Markazi est de plus en plus populaire tant dans la communauté d’accueil que celle des réfugiés’’, c’est surtout grâce à la formidable communication entre les soudeurs et la communauté d’Obock. Il faut dire qu’à ce stade, la demande est nettement supérieure à l’offre car ils sont sollicités même dans les localités de la région (ils comptent déjà deux interventions en brousse).
Ce succès a été taillé dans la roche et construit sur une montagne de difficultés. « Au tout début de notre activité, il nous fallait surmonter la barrière linguistique, mais aussi et surtout la disproportion entre l’offre et la demande puisque les clients se comptaient sur les doigts d’une main. Au-dessus de tout, c’est l’absence de matériels indispensables tels que les chignoles, les perforeuses, la pénurie du carburant à la station-service, et le manque de moyen de transport pour faire les allers et retour entre leur atelier à Obock-ville et le village Markazi qui handicapaient leur activité. Mais au-delà de tout, la redevance annuelle au titre de l’impôt sur l’activité économique devenait rédhibitoire.
Mais les trois mousquetaires ont fait fi de tout cela et ont su prendre leur chance pour assurer des lettres de noblesse à leur atelier de soudure. Aujourd’hui plus que jamais, ils regardent l’avenir en toute confiance et sérénité. « La vie est un combat quotidien qui nécessite courage et persévérance pour atteindre les objectifs que l’on se fixe » affirment-ils mordicus.
Du point de vue de l’UNHCR et l’ADDS, le projet « atelier de soudure » a déjà fait ses preuves et demeure rentable et prometteur. Ce qui gonfle d’orgueil et de confiance les trois hommes qui ont l’intention de continuer à travailler dur pour subvenir aux besoins de leurs familles respectives. Ils envisagent même d’étendre leur activité en agrandissant leur atelier afin de créer plus de richesses et d’emplois parmi les réfugiés et pourquoi pas parmi la communauté hôte, dans le plus ou moins long terme. Dans l’immédiat, ils comptent dispenser une formation professionnelle lucrative de 3 mois pour les jeunes de leur communauté en cas de besoins.
Ayman et Abdo Ali Mohamed ainsi que leur cousin Waleed Abdallah Mohamed sont infiniment reconnaissant à l’ensemble de leurs bienfaiteurs. A commencer par les autorités djiboutiennes qui ont ouvert le marché aux réfugiés à travers les réformes légales et juridiques entérinées dans le cadre du Cadre d’action global en faveur des réfugiés (CRRF). Cela a offert une protection renforcée aux réfugiés et assuré un accès facile à l’emploi formel et donc l’indépendance financière. Ils sont tout autant reconnaissant au HCR pour son appui constant et sans faille qui a permis le lancement du projet PAER qui leur a ouvert des horizons très prometteurs.